Les criminoconflits en Afrique 1

Publié le 20/03/2011 à 17:47 par youssmaiga Tags : blog bonne belle france roman enfants cadre art pensée afrique element niger pub

 

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 POURQUOI LA DEMOCRATIE A MAILLE A PARTIR AVEC LES ETATS AFRICAINS ?

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Les conflits qui sévissent en Afrique sont aujourd’hui incommensurablement différents de ceux des cités grecques archaïques et classiques. Selon Finley établissant la comparaison entre les sociétés grecques archaïques et la Rome, le constat est d’une claire évidence : « c’étaient, dans les deux cas, des sociétés agraires, où les conflits de classe ouverts, si importants dans l’histoire archaïque de la Grèce et de la Rome, mettaient aux prises régulièrement et exclusivement les paysans endettés et leurs créanciers, membres de l’aristocratie terrienne qui, en fait comme en droit, monopolisaient le pouvoir et l’autorité »[1].

En Afrique, les conflits explosent généralement après chaque élection présidentielle, notamment après les déclarations des résultats par la CENI (commission nationale électorale indépendante), et après les comptes rendus et déclarations des observateurs nationaux et internationaux.  L’érection des conflits en Afrique, du fait de la contestation[2] du verdict des urnes, traduit dans les faits l’immaturité des militants, qui à l’instigation de certains chefs politiques frondeurs, jettent le feu (la violence source d’insécurité) dans les rues et dans les différentes villes où ils ont des militants. Cette façon de percevoir la démocratie, au sens de la contestation tout azimut, n’est-elle pas une menace perpétuelle pour nos institutions ? Mieux, ne faut-il pas dire que les conflits et autres violences politiques, concourent inéluctablement à creuser le lit de la criminalité ?

La démocratie[3] en Afrique, à la lumière des conflits qui fusent un peu partout, nous situe aux antipodes des vraies démocraties occidentales au sens de John Rawls. Autrement dit, nous sommes rentrés dans l’ère de la démocratie comme menace, comme risque. Pour employer une belle formule d’aimé Césaire, il est juste de poser aujourd’hui l’équation : DEMOCRATIE=CONFLITS (STASEIS).

 

Beaucoup de penseurs ont célébré le régime démocratique pour leur peuple. Mais hélas en Afrique au lieu qu’elle apporte le bonheur, la prospérité et la tranquillité, elle a engendré tous les maux qui décomposent un Etat, dont le pires sont les « criminoconflits ». Des diverses figures que nous essayerons de montrer, il sera aisé de convenir avec nous, que finalement, les démocraties en Afrique, sans le vouloir peut-être comme dans une sorte de Ruse de la Raison, tendent vers le DEMOCRATISME-CRIMINEL.

Certains régimes en Afrique, c’est un truisme de le dire, brillent par des violations flagrantes des droits de l’homme, et pour d’autres par des atrocités quotidiennes. Les violences et les conflits qui font la une des médias, continuent et contribuent d’hypothéquer le devenir des populations. L’espoir d’une vie stable est mathématiquement difficile à établir, tellement dans le ciel des démocraties africaines, tout est possible, donc imprévisible.

Notre époque certes n’est pas comme celle des grecs qui furent constamment en proie aux luttes politiques. Mais l’interrogation d’André Aymard peut se reposer relativement aux conflits politiques en Afrique. Parlant des conflits grecs, André Aymard affirme par la bouche de Finley cette grave réalité des cités grecques : « ce qui m’a d’abord attiré vers vos ancêtres, c’est, sans paradoxe, ce qu’on leur reproche si souvent : je veux dire leurs discordes, leurs rivalités et leurs guerres, entre Etats et à l’intérieur de chaque Etat »[4]. Autrement dit, pour Aymard, la guerre (le polemos) et les discordes et rivalités qui peuvent se résumer sous le terme grec de stasis[5], sont consubstantielles aux mœurs des cités grecques. Partant de cette pensée d’Aymard, il est loisible d’avancer que la démocratie en Afrique a enfanté d’un genre nouveau de stasis grec : le « criminoconflit ». Et le meilleur concept que nous puissions trouver dans une perspective criminologique, est le terme DEMOCRATISME. Nous le cernerons plus exhaustive en faisant le lien avec l’excellent ouvrage d’Annah Arendt : la condition de l’homme moderne. Mais avant, et pour faire œuvre propédeutique à la connaissance du démocratisme dans une perspective criminologique, demandons-nous bonnement pourquoi la démocratie a maille à partir avec nos Etats africains ?

 

Tout le mérite de cette réflexion revient à Guy Adjété Kouassigan qui a si bien perçu le futur de nos Etats, quand il disait : « certains concepts méritent d’être réévalués de façon critique à la lumière des expériences africaines en cours ».

Il faut dire de prima face que l’un des systèmes politiques qui semble être le plus adapté à nos sociétés (? d’Etat) dites modernes, et qui a l’agrément aujourd’hui de la majorité des Etats est la démocratie. Pour Nikoué. K. Broohm (Université du Benin), la démocratie doit s’entendre comme « l’invention moderne susceptible de permettre à toute société de surmonter son handicap et d’aller de l’avant ». Et Jean François Medar d’ajouter : « elle est une nécessité vitale, car elle est le seul moyen qu’on connaisse pour limiter les nuisances politiques ».

Toutefois, l’image que les africains, en l’occurrence les hommes politiques ont de ce concept est beaucoup plus assortie de violence, d’ethnocentrisme, de régionalisme, d’impunité, d’arbitraire, de totalitarisme de tous ordres, que finalement, il est juste de se poser la question : est-ce de la démocratie ou de la dictature que nous pratiquons (praxis) en Afrique ? Si l’Occident s’en sort mieux, malgré quelques ratés du point de vue des droits de l’homme, qu’est-ce qui empêche les Etats africains à faire de ce modèle un facteur de progrès social et de développement économique ?

 

1)     La décomposition du concept.

 

La démocratie (demokratia) au sens où l’entendait les grecs, est le pouvoir du dêmos (le peuple, i.e les citoyens). In fact, c’est la démocratie directe, où le citoyen peut assister aux délibérations sur la chose publique, i.e la cité (la polis), ou l’Etat au sens moderne du terme. Mieux, c’est le régime par excellence de l’expression libre, de la liberté de parole et de pensée_ aujourd’hui nous disons démocratie et droit de l’homme. Le citoyen (le politès) est lié à la gestion de la polis (Cité/ ou Etat). Il connaissait ses droits et ses devoirs vis-à-vis de la polis. Cette expérience de la démocratie grecque a fortement inspirée les Américains dans la fondation de leur démocratie représentative, dont l’essence se retrouve dans l’excellente formule : « la démocratie, c’est le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple ». En d’autres termes, le pouvoir appartient au peuple, ou la nation.

Toutefois, eu égard aux vicissitudes que ce concept a connues depuis le XVIII è siècle (révolution française par exemple), il est paradoxalement apparu aujourd’hui, et ce depuis l’effondrement du mur de Berlin et la bourrasque qu’il a provoquée dans les pays de l’Est et en Afrique ; que bien de malentendus existent autour du concept et de son efficience. Pour Zahir Farès, faisant le constat des indépendances et de la période des années 80 à 90 qui ont ouvert le processus démocratique, qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil : l’Afrique relativement aux autres continents continue de piétiner sur place, et espère grâce au renouvellement démocratique. Mais, hélas souligne Z. Farès, que nous paraphrasons : la démocratie n’exorcisera pas les malédictions qu’elle croît peser sur elle. D’un mot, ce concept de démocratie importer de l’occident ne peut pas être « l’antidote de tous les maux »[6].

 

L’Afrique n’a pas eu les mêmes situations historiques que l’Occident. Elle n’a pas eu par exemple ce mouvement historique qu’on appelle la Révolution française, dans sa figure violente et sanglante. Les sociétés africaines d’avant le diktat de la démocratie, vivaient dans des régimes autocratiques. Depuis la fin des indépendances (vers 1958 et 1960), les dirigeants des anciens régimes autocratiques refusaient de quitter leur pouvoir. Il a fallu attendre la conférence de la Baule (France) avec le président François Mitterrand, qui a insisté sur l’urgence et l’impérieuse nécessité qu’ont les Etats africains à appliquer le modèle démocratique et ses principes en vue de leur développement économique, social, politique et culturel. Mais cette injonction de la Baule qui peut être considérée rétrospectivement comme un diktat, a véritablement occulté la spécificité des mentalités africaines.

Ceci pour dire que la réalité africaine est différente de celle de l’Occident. Le processus de démocratisation n’a concouru qu’à rallumer ou soulever comme l’a si bien vu Guy Hermet (Culture et démocratie) le couvercle que les anciens dirigeants avaient bien vissé sur la marmite des identités minoritaires : c’est entre autres les conflits ethniques (réapparu dans les grands lacs par exemple), les conflits interreligieux.

Or, aujourd’hui, la marmite a explosé, et les maux sont là manifestes : génocide au Rwanda, rébellion au Niger, Mali, Tchad, conflits en Côte- d’Ivoire, Sierra Léone, Soudan, xénophobie, déplacement de réfugiés, piraterie somalienne, etc. Le magasin des drames est saturé. Au total, désordres, insécurité, instabilité. Bref, c’est le Chaos d’Hésiode.

Partant de ce tableau lugubre, force est de constater que les régimes qui se targuent d’être des démocraties sont en réalité assis sur des fournaises. Ceux qui parviennent à bien asseoir leur pouvoir sont sans conteste des dirigeants tout- puissants, qui confisquent les droits des citoyens. Cette situation de décomposition de la démocratie (le proverbe a raison de dire : qu’on n’ignore pas là où pourri l’éléphant), est donc l’occasion pour la société civile de s’ériger en contre pouvoir, mieux de « contre-feu » pour emploi une expression de Pierre Bourdieu contre des pouvoirs de plus en plus illégitimes, impopulaires, anti-constitution (cas du Niger, avec l’ex pouvoir Tanja Mamadou). En l’absence d’un parti d’opposition efficace, c’est aujourd’hui la société civile (syndicats, ONG, associations, etc.) qui incarne le vrai contre pouvoir, un peu comme des robins des bois des populations en Afrique.

 

2)     La légitimité de la désobéissance civile en Afrique.

 

Lorsque le vent de la démocratie a soufflé en Afrique, tous les esprits pessimistes[7] d’alors ont applaudi cet événement, qui a été le déclencheur_ le catalyseur_ pour la disparation des régimes uniques. Les différentes conférences qui ont marqué les premiers jours des démocraties en Afrique, témoignent de l’espoir que tous les citoyens mettaient comme dans un jeu de Loto, sur la démocratie. Autrement dit, il y a eu bel et bien au départ enthousiasme, désir et volonté de changement, mieux de plus grandes aspirations notamment en matière d’amélioration des droits de l’homme. Mais hélas, les nouveaux dirigeants issus des urnes vont faire pire que les anciens dictateurs, car même les enfants qui ne se sont jamais intéressés à la politique, ont pour une fois de leur vie accordé leur crédit aux nouveaux dirigeants de la démocratie (au Niger, avec le président Ibrahim Barré Maïnassara assassiné par la junte militaire).

Après plus de deux décennies de démocratie, force est de constater que les dirigeants de la démocratie ont déçu les enfants, et les jeunes de la « middle period[8] », car leurs différentes gestions n’ont produit que des corruptions, détournement de fonds, des troubles politiques, coup d’Etat, rébellion, conflits, insécurité, etc.

C’est en effet face à cette mal gouvernance, et de mécontentements en mécontentements, que la société civile est devenue au fil des nécessités, le contre pouvoir face à l’arbitraire de certains régimes corrompus, et aveuglés par le pouvoir. C’est dans cette optique également que la désobéissance se justifie selon Hannah Arendt (Du mensonge à la violence). Car ceux qui sont au pouvoir méprisent la Loi (la Constitution) et les intérêts du peuple. Face donc à de tels dirigeants cupides et anti démocrates, mieux face à cet état de fait, la violence, voire la désobéissance civile est un droit légitime contre l’arbitraire et le totalitarisme. Ce qui permet à Hannah Arendt de soutenir que : « des campagnes de désobéissance bien organisées peuvent avoir une efficacité remarquable pour obtenir les modifications juridiques que l’ont peut estimer désirables ».

Pour le cas du Niger, l’usure du pouvoir (de Tanja Mamadou par exemple) et ses défaillances, se retrouvent à tous les niveaux de l’organisation de l’Etat. Nous pouvons aussi retrouver le même fait avec l’ancien régime de Mainassara Barré assassiné par la junte militaire. D’un mot, et pour avancer, disons que les régimes démocratiques depuis plusieurs années ont dégoûté les populations, de sorte que les élections démocratiques sont devenues in concreto des retours éternels à la pitrerie politique.

 

3)     Pour une nouvelle paideia (culture) de l’Etat démocratique.

 

Après tant d’échecs de modèles de gestion du pouvoir en Afrique. Après une suite de gouvernements incompétents et incultes, n’est-il pas temps d’instituer une nouvelle réflexion sur le pouvoir en Afrique ? Autrement dit, y a-t-il un souci de bonne gouvernance en Afrique ?

L’histoire politique du continent noir, montre que n’importe qui peut venir diriger l’Etat, et n’importe comment. Et à forcer de goûter les délices du pouvoir, les lascars (les dirigeants, et autres politiques vénaux) se refusent à quitter démocratiquement le pouvoir. On pourrait certes condamner les citoyens et les urnes, qui amènent au pouvoir ces dirigeants voyous. Mais, comme la conquête du pouvoir est un autre art de la dissimulation, c’est finalement dans la pratique du pouvoir que les citoyens se rendent après coup de leur mauvais choix, un président tocard et son équipe(staff) qui n’ont pas pu être à la hauteur des espérances.

Il suit donc que globalement, la démocratie telle qu’elle se joue en Afrique avec des dirigeants tocards, est pervertie du fait de leur inculture politique, et de leur méprise des droits des citoyens. Face à ce constat, l’interrogation se pose : sommes-nous toujours prêts à nous enfourcher la culture des droits de l’homme, qui est le substrat même de la démocratie ?

La démocratie disait Guy Hermet dans son excellent ouvrage : culture et démocratie : « est une culture plus qu’encore qu’un ensemble d’institutions, à tout le moins, le fruit d’une lente maturation culturelle »[9]. Autrement dit, le développement que nous voudrions pour l’Afrique doit passer nécessairement par un minimum de changement mental. En clair, c’est donc toute la structure mentale de nos citoyens et politiciens qu’il faut changer en vue de faire à la fois des citoyens-militants, et des dirigeants politiques, des agents historiques du développement de leur Etat. Il s’agit en gros de tropicaliser la démocratie, de l’adapter à nos valeurs, nos croyances et nos aspirations, afin de favoriser l’éclosion cette fois réussie d’une nouvelle espèce de démocratie en phase et en harmonie avec nos sociétés.

Par cette prise de conscience, le citoyen et le dirigeant vont cesser de s’opposer et de travailler pour la réussite de la démocratie et de ses valeurs, pour le bonheur collectif. Ainsi la démocratie enracinée par delà le bien et le mal, il est possible alors un jour de s’engager dans la mondialisation politique.

 

Conclusion partielle

 

Il ressort de ce zoom sur la démocratie et ses maux extrêmes, qu’aussi longtemps que nos dirigeants ne se mettent pas à l’école des valeurs démocratiques et de leurs respects, les institutions continuerons indéfiniment à évoluer sur place. Cette reconversion est aussi valable pour le peuple (le dêmos ou la population) qui doit savoir rationnellement ses choix et ce qui est « juste » et « bien » pour son bonheur. La culture des valeurs démocratiques de ce point de vue est capitale pour prétendre gérer l’Etat en démocratie.

Il suit donc que si nous végétons depuis des lustres dans la mal gouvernance, qui a induit ce que nous allons maintenant appeler DEMOCRATISME-CRIMINEL au sens criminologique, la causa sui (la cause première) participe de l’inculture de certains hommes politiques sur les valeurs de la démocratie, qui ne pensent qu’à leur ventre. Empiriquement, la pratique nous montre toujours des dirigeants « alimentaires » comme on dit au Niger. Mais c’est certainement Hésiode qui a raison relativement aux rois mangeurs de présents, qui correspondrait adéquatement à la mentalité des dirigeants africains. Ainsi pour paraphraser Hésiode, nous dirons que : « les dirigeants africains sont des dilapideurs des présents du peuples ».Or, dilapider, voler, détourner les fonds publics, corruptions, sont des délits, et les auteurs de tels délits sont punissables et doivent être punis. Les grecs de ce point de vue avaient raison rétrospectivement, d’avoir institué des instances de contrôle de l’action des magistrats de la polis, ce qu’ils appelaient les logistai, des commissaires aux comptes pour vérifier la gestion des dirigeants à la fin de leurs mandats.

Approfondissons lire :

-         Zahir Farès, Afrique et démocratie, espoir et illusions

-         Selim Abou, cultures et droits de l’homme

-         Finley, l’invention de la politique

-         René Dumont, démocratie pour l’Afrique

-         Jérôme Lafargue, Contestations démocratiques en Afriques

Youssouf Maiga Moussa

DESS Sécurité Publique

Doctorat Philosophie

youssmaiga@yahoo.fr

 



[1] Roman; font-size: 10pt;">Finley, l’Invention de la politique, Champs/Flammarion, 1994, p. 36.

[2] Pour plus de détails, voir deuxième partie.

[3] L’économiste Zahir Farès, dans intéressant ouvrage : « Afrique et démocratie », voyait d’un maux œil, l’avenir des processus démocratiques, si en              aval, on essaie chaque fois de faire fi, ou table rase de notre passé des indépendances, qui n’ont rien apporté au sens de progrès (économique surtout). Et béatement, les anciens dirigeants ont opté la démocratie sans changer de pratiques, ni de programmes sociaux, économiques, et politique. D’où son inquiétude légitime : à qui profite la démocratique ? Et c’est à juste titre qu’il affirme : « la génération des indépendances a vu ses espérances bafouées par les viles pratiques de clans et de castes avides, ne se souciant que d’accélérer le pillage de l’Afrique ». In Afrique et démocratie, espoir et illusions, L’Harmattan, Paris, 1992, p. 9.

[4] In l’Invention de la politique, par Finley, Champs/Flammarion, 1994, p. 11. Discours prononcé à l’université d’Athènes le 19 avril 1961 à l’occasion de la remise d’un titre de docteur honoris causa. Nous soulignons.

[5] Selon Finley que nous suivons comme des lieux, dans le cadre de la vie politique grecque, la stasis est considérée comme : « une menace permanente ; que lorsqu’elle apparaît dans les textes, c’est comme un conflit politique ou constitutionnel ; un conflit où s’affrontent non seulement l’oligarchie et la démocratie, mais encore les factions rivales à l’intérieur de chaque camp » (op.cit, p.163), et la conséquence, de ce type de climat, de trouble politique, c’est inéluctablement l’apparition du tyran, qui mettra fin aux luttes pour une certaine période. Relativement à l’Afrique, la similitude est possible à établir, si par le passé, les états ont connu des dictateurs, aujourd’hui, c’est soit des militaires qui s’accaparent tyranniquement du pouvoir, ou des chefs de clans qui balkanisent le territoire. Nous en avons pour preuve, la gestion bipolaire de la Côte-D’ivoire, ou de la Somalie, avec la guerre des clans qui a ouvert la porte à la criminalité et à la piraterie.

[6] Z. Farès, op.cit, p. 13.

[7] Partant du cas du Mali, notamment la chute en 1991 du régime dictatorial de Moussa Traoré, Z. Farès rapporte ce qui suit : « à partir du mois de mai 1991, l’on a assisté à une accélération des événements et, surtout, à une similitude des démarches. En effet, dans tous les pays, les hommes au pouvoir depuis plus d’une décennie, sentant venir le vent, ont proposé de mener à bien le processus démocratique en révisant la Constitution, en autorisant les partis politiques, en promettant des élections libres et enfin, en nommant un Premier Ministre ». Op.cit, p. 8.

[8] Nous employons fréquemment cette expression anglaise, pour faire le distinguo entre la génération des indépendances, et celle de la démocratie dont nous sommes les héritiers, et qui malheureusement est atteinte d’un mal métaphysicopolitique : involution-évolution ?

[9] Albin Michel, Paris, p.93